vendredi 4 novembre 2016

Un paquebot dans les arbres de Valentine Goby

Date de parution : Août 2016
Éditions : Actes Sud
Nombre de pages : 272 pages

Quatrième de couverture : Au milieu des années 1950, Mathilde sort à peine de l’enfance quand la tuberculose envoie son père et, plus tard, sa mère au sanatorium d’Aincourt. Cafetiers de La Roche-Guyon, ils ont été le cœur battant de ce village des boucles de la Seine, à une cinquantaine de kilomètres de Paris.
Doué pour le bonheur mais totalement imprévoyant, ce couple aimant est ruiné par les soins tandis que le placement des enfants fait voler la famille en éclats, l’entraînant dans la spirale de la dépossession. En ce début des Trente Glorieuses au nom parfois trompeur, la Sécurité sociale protège presque exclusivement les salariés, et la pénicilline ne fait pas de miracle pour ceux qui par insouciance, méconnaissance ou dénuement tardent à solliciter la médecine.
À l’âge où les reflets changeants du fleuve, la conquête des bois et l’insatiable désir d’être aimée par son père auraient pu être ses seules obsessions, Mathilde lutte sans relâche pour réunir cette famille en détresse, et préserver la dignité de ses parents, retirés dans ce sanatorium – modèle architectural des années 1930 –, ce grand paquebot blanc niché au milieu des arbres.
 
Mon avis : Je découvre la plume de Valentine Goby dans ce roman relativement court mais très dense. Peu de dialogues entre les différents personnages ce qui m'a parfois donné la sensation d'un texte peu aéré et pour cause, l'auteur dresse le portrait d'une famille qui se sert les coudes alors que le père meurt de la tuberculose. Un roman fort et intense pour un sujet que j'ai senti important pour l'auteur.

Valentine Goby a fait le choix de centrer son roman sur l'un des membres de la famille : Mathilde. De petite fille qui cherche désespérément à attirer l'attention de Paulot, le père, elle devient une jeune femme forte au courage impressionnant. En réalité, Mathilde n'a plus le statut de fille dans cette famille. La maladie de Paulot contamine la mère qui n'a d'yeux que pour son mari. Mathilde devient sa propre mère et même la mère de ses parents. La maladie de son père lui ôte son innocence. Elle est forte et tente de résister aux trop nombreuses épreuves qu'elle rencontre dans une grande solitude. 

La tuberculose, maladie grandement redoutée par beaucoup, plongeait les malades dans une sorte d’exclusion sociale. Il n'y a plus de joie de vivre, surtout pas pour ce cafetier habitué à amuser son monde. 

Valentine Goby parle du manque d'amour et d'affection à travers cette jeune femme qui se donne pour mission de redonner le sourire à son père. Paulot, homme au centre de la vie de ses femmes. Sans doute trop tourné vers les autres et pas assez vers les siens. 

Enfin, le parallèle entre Mathilde, ce qu'elle vit et la Guerre d'Algérie ne fait que souligner que ce roman parle bien d'indépendance et de liberté. Mathilde qui ne pense que "maladie", "famille", devra penser à elle au risque de se perdre. 

"Mathilde est un funambule en tension, oscillant entre la nécessité d'être Mathilde Blanc, puissante, enchanteresse, fidèle; et le désir aigu d'être une autre, fragile, légère, avec des rêves à soi. C'est une danse étrange que celle de Mathilde sur ce fil, son corps penchant toujours du même côté, lesté du poids d'amour qu'elle porte à Odile, Paulot et Jacques ; du côté de l'oubli de soi."

♥ ♥ ♥ ♥

 Je tiens à remercier Priceminister et les matchs de la rentrée littéraire pour cette lecture et ce partenariat.

3 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas mais ta chronique m'intrigue, je pense que ça pourrait me plaire :)

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  2. Coucou, je ne connaissais pas du tout ce roman, mais il a l'air très beau. Je l'ajoute donc à ma wishlist, merci pour la découverte. ;-) Bises

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Merci pour votre passage sur le blog!